Lubrizol : des conséquences importantes à ne pas négliger ?

Même si les conséquences de l’incendie de l’usine Lubrizol n’ont heureusement rien de comparables avec celles de l’explosion de l’usine AZF 18 ans plus tôt, certaines sont révélatrices d’évolutions importantes et éminemment sensibles qu’il convient de prendre en compte.

Une adaptation nécessaire à l’aire des réseaux sociaux : si le bilan humain de l’accident est de seulement huit personnes hospitalisées, rentrées rapidement chez elles, 200 000 tweets ont été échangés en 24h et plus de 20 000 documents publiés sur le sujet en 7 mois. Si l’Etat a maitrisé l’intervention d’urgence, sa communication n’a pas été adaptée à l’instantanéité des réseaux sociaux, générant anxiété et défiance du grand public. La communication d’urgence devait donc impérativement évoluer pour s’adapter. Certaines nouveautés réglementaires « post Lubrizol », découlent directement de ce besoin « d’urgence encore plus urgente » : l’établissement d’un inventaire quotidien par zone des matières dangereuses présentes sur le site, les dispositions relatives aux produits de décomposition en cas d’incendie et aux premiers prélèvements et analyses environnementaux en cas d’accident… Bien qu’extrêmement contraignantes techniquement et couteuses, ces exigences s’avèreront incontournables pour les industriels, mais également indispensables pour ne pas plus dégrader l’image de l’industrie auprès des populations en cas de nouvel accident.

« Impacts » d’un accident : L’emballement social et médiatique n’a pas porté sur des nombres de blessés, mais sur une crainte pour la population d’atteinte à la santé, à court, moyen ou long termes( risques chroniques). En réponse à ces « nouvelles inquiétudes », difficilement quantifiables et dans le but de rassurer la population, les mesures de précautions ont porté sur des destructions de produits alimentaires, des plans de prélèvements de qualité de l’air, de mesures de dioxines, étendus et nombreux… et parfois sans réel fondement technique ou sanitaire. Des suivis sanitaires longs termes ont été mis en place. Cet exemple démontre une évolution avérée de la notion d’impacts de l’accident pour les populations mais également pour les pouvoirs publics, qui prend toute son importance au regard de certaines nouvelles dispositions « post Lubrizol » : le POI complété des dispositions devant permettre en cas d’accident, de réaliser les premiers prélèvements et analyses environnementaux , de prévoir les moyens et méthodes pour la remise en état et le nettoyage de l’environnement après un accident majeur.

Une bombe à retardement pour l’industriel, qui ne sera pas le décideur mais forcément le payeur, directement ou indirectement au travers des primes d’assurances.